
REGARD SUR L'HIVER
Cet hiver, la galerie MEKIC présente les œuvres d’une peintre iranienne d’Ahoo Hamedi. Exposant pour la première fois en Amérique du Nord, l’artiste dont le talent prometteur interpelle et fascine présente ici une trentaine d’œuvres de moyen et de grand format qui amènent le visiteur à découvrir son univers intimiste où les figures féminines tracées tantôt avec une légèreté et une délicatesse captivantes tantôt avec une ligne de pinceau plus profonde et affirmée demeurent empreintes de vitalité, de sensualité et de multiplicité des sens.
Ahoo Hamedi peint les silhouettes qui permettent au féminin de se dévoiler dans tous ses états, sous de divers angles. L’artiste honore ainsi la féminité tout en lui refusant les normes classiques des canons esthétiques et des posés obligées. Faisant de l’aquarelle son médium de prédilection, elle maîtrise parfaitement cette technique ancestrale dont les racines remontent aux peintures rupestres. Elle la considère « libre, fluide, facile», et ses propriétés aqueuses, ludiques et évasives l’inspirent chaque fois davantage malgré qu’elles demandent une vigilance constante envers la matière utilisée. A la rapidité d’exécution du geste et la palette des couleurs préférées, l’artiste ajoute l’encre qui trace avec audace les lignes du corps féminin. De cette heureuse combinaison des images émergent montrant les femmes qui s’imposent tantôt plus sombres, nostalgiques et contemplatives tantôt plus sensuelles et lumineuses.
De prime abord, quelques compositions se démarquent. Habillé ou mise à nu le corps y tracé, à la fois beau et fragile, s’affirme dans sa féminité pendant que le visage qui l’accompagne refuse une délimitation précise. En effet, sur certains dessins d’Ahoo, le corps est une charpente multidimensionnelle et voluptueuse pour les visages qui se fissurent, se diluent, s’embrouillent ou se voilent. Mais ces visages qui tentent de disparaître, aussi indiscernables soient-ils sont essentiels à l’œuvre, car ils lui donnent une vibration particulièrement forte. En effet, imprévues et ambivalents parfois même quelque peu androïdes, ils leurs octroient une assise de laquelle émerge un éventail de lectures. Ces trios dynamiques des femmes construits avec l’harmonie et fluidité que représentent-ils alors?
Et pendant que certains tableaux demeurent plus délicats et plus insaisissables pour le spectateur, d’autres sont habités par des figures féminines qui s’imposent avec clarté et fermeté incontestables. Leur présence ainsi fortement affirmée s’empare de l’ensemble du tableau. Ici, les femmes enceintes en robe rouge, attendent un accomplissent prometteur pendant que les filles en effervescence juvénile, se reflètent dans les miroirs. L’introduction des surfaces de ceux derniers, permettent d’ailleurs, à Ahoo Hamedi de jouer avec la métaphore de la « face cachée » porteuse d’énigme enfuie dans le fort intérieur de chacun. Grâce aux reflets, ses figures féminines se montrent à nous plus entières, plus vraies, plus transparentes émotionnellement. Cependant, même si l’artiste désire s’attarder à travers son art sur ce qui demeure invisible et insaisissable, elle n’insiste pas sur l’exactitude de signification qui émerge devant les yeux du celui qui découvre son œuvre. Voulant le laisser libre, l’artiste l’encourage à rester attentif uniquement à la lecture personnelle, aussi incertaine ou chaotique soit-elle.
Dans cette galerie de dessins présentés, un autre détail attire notre attention. En effet, d’un tableau à l’autre, ce qui fascine et intrigue est inscrit dans les yeux de ces figures féminines. Parfois fermés, parfois agrandis, embrouillés ou étrangement cernés, les yeux parlent. Miroirs de l’âme, ils ne trompent pas dans l’émotion véhiculée. Regardant au loin ou venant de loin, ils semblent remplis d’appréhension, de solitude, de tristesse, ou d’angoisse. Et même si par moment ils paraissent plus calmes, leur quiétude fragile ne décèle ni de bonheur ni de joie. Alors est-ce que les yeux de ses femmes amènent et expriment un certain isolement voire l’inaccomplissement? Est-ce un récit susceptible de permettre à l’art de faire un examen des enjeux liés au pouvoir, à l’identité et la place de femmes dans la société islamique dominée par l’homme iranien?
Certains critiques ont tôt fait pour voir dans ses œuvres un message aux tendances revendicatrices et engagées. Or, Ahoo, elle-même, s’en défend ne désirant pas donner à ses toiles de connotation politique.Certes, ancrée dans la réalité iranienne elle admet s’inspirer de ce qu’elle voit autour d’elle, parfois prenant même pour modèle des femmes qu’elle connaît. Mais en dépit de ce constat, dans l’exercice de son art la jeune artiste avoue se laisser guider et émouvoir avant tout pour la beauté, la douceur et la perfection des formes féminines, source d’inspiration infinissable. Ainsi, force est d’admettre que le fait de savoir si les femmes qui habitent ses œuvres sont des Iraniennes d’aujourd’hui, s’avère inutile pour celui veut suivre la jeune peintre dans sa démarche artistique.
Car pour Ahoo Hamedi la création artistique est un cheminement personnel qui l’amène bien au-delà des sentiers et du pouls de la vie qui l’entoure. La peinture demeure pour elle un moyen lui permettant de découvrir le mystère qui l’habite à son insu, celui qui sans la méditation du pinceau resterait muet et immobile au fond de son âme. Ainsi, provoquant une sorte de catharsis, l’art libère en elle un éventail d’émotions qui à l’instar des vagues émergent dans la spontanéité, vivent quelques instants pour se briser sur les surfaces de ses toiles en multitude d’images parfois, tristes, parfois joyeuses.
Et pendant que sa signature artistique s’affirme chaque fois davantage, nombreux sont ceux qui semblent trouver que ses peintures habitées par une beauté pourtant peu classiquement allie admirablement le geste à l’instinct et l’émotion. Ajoutons aussi, que tant pour les Iraniens, qui ont quitté l’Iran que pour ceux qui continue à y vivre Ahoo Hamedi arrivent à saisir dans ses œuvres une certaine énergie qui habite si ce n’est pas le quotidien iranien, c’est alors un pan de l’âme iranienne qui demeure tout en audace et retenu, pudique et osée en même temps…
Cet hiver, la galerie MEKIC présente les œuvres d’une peintre iranienne d’Ahoo Hamedi. Exposant pour la première fois en Amérique du Nord, l’artiste dont le talent prometteur interpelle et fascine présente ici une trentaine d’œuvres de moyen et de grand format qui amènent le visiteur à découvrir son univers intimiste où les figures féminines tracées tantôt avec une légèreté et une délicatesse captivantes tantôt avec une ligne de pinceau plus profonde et affirmée demeurent empreintes de vitalité, de sensualité et de multiplicité des sens.
Ahoo Hamedi peint les silhouettes qui permettent au féminin de se dévoiler dans tous ses états, sous de divers angles. L’artiste honore ainsi la féminité tout en lui refusant les normes classiques des canons esthétiques et des posés obligées. Faisant de l’aquarelle son médium de prédilection, elle maîtrise parfaitement cette technique ancestrale dont les racines remontent aux peintures rupestres. Elle la considère « libre, fluide, facile», et ses propriétés aqueuses, ludiques et évasives l’inspirent chaque fois davantage malgré qu’elles demandent une vigilance constante envers la matière utilisée. A la rapidité d’exécution du geste et la palette des couleurs préférées, l’artiste ajoute l’encre qui trace avec audace les lignes du corps féminin. De cette heureuse combinaison des images émergent montrant les femmes qui s’imposent tantôt plus sombres, nostalgiques et contemplatives tantôt plus sensuelles et lumineuses.
De prime abord, quelques compositions se démarquent. Habillé ou mise à nu le corps y tracé, à la fois beau et fragile, s’affirme dans sa féminité pendant que le visage qui l’accompagne refuse une délimitation précise. En effet, sur certains dessins d’Ahoo, le corps est une charpente multidimensionnelle et voluptueuse pour les visages qui se fissurent, se diluent, s’embrouillent ou se voilent. Mais ces visages qui tentent de disparaître, aussi indiscernables soient-ils sont essentiels à l’œuvre, car ils lui donnent une vibration particulièrement forte. En effet, imprévues et ambivalents parfois même quelque peu androïdes, ils leurs octroient une assise de laquelle émerge un éventail de lectures. Ces trios dynamiques des femmes construits avec l’harmonie et fluidité que représentent-ils alors?
Et pendant que certains tableaux demeurent plus délicats et plus insaisissables pour le spectateur, d’autres sont habités par des figures féminines qui s’imposent avec clarté et fermeté incontestables. Leur présence ainsi fortement affirmée s’empare de l’ensemble du tableau. Ici, les femmes enceintes en robe rouge, attendent un accomplissent prometteur pendant que les filles en effervescence juvénile, se reflètent dans les miroirs. L’introduction des surfaces de ceux derniers, permettent d’ailleurs, à Ahoo Hamedi de jouer avec la métaphore de la « face cachée » porteuse d’énigme enfuie dans le fort intérieur de chacun. Grâce aux reflets, ses figures féminines se montrent à nous plus entières, plus vraies, plus transparentes émotionnellement. Cependant, même si l’artiste désire s’attarder à travers son art sur ce qui demeure invisible et insaisissable, elle n’insiste pas sur l’exactitude de signification qui émerge devant les yeux du celui qui découvre son œuvre. Voulant le laisser libre, l’artiste l’encourage à rester attentif uniquement à la lecture personnelle, aussi incertaine ou chaotique soit-elle.
Dans cette galerie de dessins présentés, un autre détail attire notre attention. En effet, d’un tableau à l’autre, ce qui fascine et intrigue est inscrit dans les yeux de ces figures féminines. Parfois fermés, parfois agrandis, embrouillés ou étrangement cernés, les yeux parlent. Miroirs de l’âme, ils ne trompent pas dans l’émotion véhiculée. Regardant au loin ou venant de loin, ils semblent remplis d’appréhension, de solitude, de tristesse, ou d’angoisse. Et même si par moment ils paraissent plus calmes, leur quiétude fragile ne décèle ni de bonheur ni de joie. Alors est-ce que les yeux de ses femmes amènent et expriment un certain isolement voire l’inaccomplissement? Est-ce un récit susceptible de permettre à l’art de faire un examen des enjeux liés au pouvoir, à l’identité et la place de femmes dans la société islamique dominée par l’homme iranien?
Certains critiques ont tôt fait pour voir dans ses œuvres un message aux tendances revendicatrices et engagées. Or, Ahoo, elle-même, s’en défend ne désirant pas donner à ses toiles de connotation politique.Certes, ancrée dans la réalité iranienne elle admet s’inspirer de ce qu’elle voit autour d’elle, parfois prenant même pour modèle des femmes qu’elle connaît. Mais en dépit de ce constat, dans l’exercice de son art la jeune artiste avoue se laisser guider et émouvoir avant tout pour la beauté, la douceur et la perfection des formes féminines, source d’inspiration infinissable. Ainsi, force est d’admettre que le fait de savoir si les femmes qui habitent ses œuvres sont des Iraniennes d’aujourd’hui, s’avère inutile pour celui veut suivre la jeune peintre dans sa démarche artistique.
Car pour Ahoo Hamedi la création artistique est un cheminement personnel qui l’amène bien au-delà des sentiers et du pouls de la vie qui l’entoure. La peinture demeure pour elle un moyen lui permettant de découvrir le mystère qui l’habite à son insu, celui qui sans la méditation du pinceau resterait muet et immobile au fond de son âme. Ainsi, provoquant une sorte de catharsis, l’art libère en elle un éventail d’émotions qui à l’instar des vagues émergent dans la spontanéité, vivent quelques instants pour se briser sur les surfaces de ses toiles en multitude d’images parfois, tristes, parfois joyeuses.
Et pendant que sa signature artistique s’affirme chaque fois davantage, nombreux sont ceux qui semblent trouver que ses peintures habitées par une beauté pourtant peu classiquement allie admirablement le geste à l’instinct et l’émotion. Ajoutons aussi, que tant pour les Iraniens, qui ont quitté l’Iran que pour ceux qui continue à y vivre Ahoo Hamedi arrivent à saisir dans ses œuvres une certaine énergie qui habite si ce n’est pas le quotidien iranien, c’est alors un pan de l’âme iranienne qui demeure tout en audace et retenu, pudique et osée en même temps…